Encastrements et puzzles

Les encastrements et les puzzles font partie de la grande famille des casse-tête. Ils ne présentent aucune limite d’âge si le niveau de complexité est bien choisi.

Dans cet article, je vais surtout apporter des pistes pour accompagner les enfants dans cet apprentissage.

L’intérêt des casse-tête

Tout d’abord, je pense qu’il est essentiel de définir en quoi la pratique de ce type d’activité est importante.

Naturellement, quand nous pensons aux puzzles et de manière générale aux casse-tête, nous les voyons comme des activités calmes et complètes. Et, elles le sont au regard des qualités suivantes qu’elles mettent en jeu. Vous constaterez que, parfois, l’une ne vient pas sans l’autre:

  • la patience et la gestion de la frustration : petit à petit, l’image d’un puzzle, par exemple, prend forme malgré quelques erreurs et le temps nécessaire pour voir aboutir le projet. Nous devons accepter de ne pas toujours trouver dans l’immédiat, de prendre une pause ou du recul pour mieux réussir plus tard ;
  • la concentration : il en faut pour gérer les qualités suivantes … ;
  • la réflexion et le sens de l’observation : les couleurs, les formes et les détails sont étudiés mais il faut aussi avoir la capacité de les replacer dans une vue d’ensemble, ce qui nous amène au point suivant ;
  • le repérage dans l’espace : nous nous appuyons sur la vue d’ensemble et sur le repérage spatial spécifique de certains éléments dans celle-ci mais, il faut aussi, pour chaque pièce, avoir la capacité de la prendre dans le bon sens et de l’imbriquer correctement avec les autres en fonction de leur forme ;
  • la mémoire visuelle : avec ou sans modèle et même si les détails sont présents sur les pièces, il faut mémoriser un minimum à quoi doit ressembler la partie en construction pour avancer ;
  • la méthodologie : des stratégies sont mises en place pour combiner plusieurs critères : ainsi, pour les puzzles, il est préférable de trier les pièces à bords droits pour reformer le cadre, de les trier par couleur ou par éléments, de les tourner, etc. Nous organisons, nous hiérarchisons et nous anticipons les prochaines étapes.

Il y a encore bien d’autres qualités auxquelles nous ne pensons pas toujours quand nous sommes adultes et qui sont, pourtant, tout aussi importantes pour la stimulation et le développement des compétences chez les enfants mais aussi les aînés ou les personnes atteintes de certains troubles ou handicaps. En voici encore quelques unes :

  • la discrimination visuelle et tactile : c’est la capacité à distinguer les différents éléments visuellement et tactilement ;
  • la coordination visuo-motrice : il s’agit de coordonner les mouvements du corps en fonction de l’information visuelle perçue avant et pendant l’action ;
  • la précision avec la motricité fine : en attrapant les pièces, on fait travailler la « pince », autrement dit le rapprochement pouce-index, essentiel à l’exécution de gestes manuels quotidiens précis et coordonnés (dessiner, colorier, écrire, découper, faire des lacets, boutonner, etc.) ;
  • les compétences mathématiques : celles qui relèvent de la géométrie de l’espace, du tri de données, de la comparaison, de la déduction, etc.
  • l’estime et la confiance en soi : cette activité est source de joie et de satisfaction lorsque nous parvenons à résoudre enfin un casse-tête ! Elle est valorisante quand elle est le fruit d’efforts et de temps consacrés à sa réussite. Elle peut aider, comme bien d’autres activités, à lutter contre les déprimes et les dépressions.
  • le langage : ce dernier point n’est pas à négliger car seul (ex: un enfant placé en autonomie mais qui a besoin d’aide au cours de son activité) ou à plusieurs, la maîtrise du langage corporel, verbal (champ lexical de l’observation, du vocabulaire spatial) est important pour avancer.

Il est possible que d’autres qualités ou compétences puissent être attribuées aux casse-tête. Toutefois, celles présentées ci-dessus ne peuvent que vous inciter à proposer cette activité aux enfants.

Progression indicative

Pour accompagner au mieux l’enfant dans ce parcours, je vous conseille, dans un premier temps, de le laisser manipuler les éléments du casse-tête pour qu’il se les approprie. À un certain moment de son évolution et de sa progression, l’enfant comprend le principe de l’encastrement et du puzzle ; c’est ainsi qu’il s’attardera moins à jouer avec les pièces autrement que pour résoudre ce casse-tête.

La répétition peut être source de plaisir, de sécurité, de satisfaction et de consolidation d’une stratégie. Il faut alors laisser l’enfant s’essayer à plusieurs reprises. Après plusieurs réussites, s’il ne le fait pas de lui-même, on pourra l’inviter à en choisir un autre.

À chaque nouvelle étape, je pense qu’il est nécessaire de laisser l’enfant explorer seul tout en lui faisant comprendre que nous sommes là au besoin pour l’étayer.

Pour guider l’enfant dans sa stratégie, incitez-le et/ou rappelez-lui les techniques suivantes :
– trier les pièces qui constituent le bord de celles du reste de l’image ;
– trier en fonction des couleurs ou des éléments semblables.

Les encastrements

Les premiers casse-têtes sont très souvent des encastrements simples. En fonction des modèles choisis, il y aura ou non la présence de boutons de préhension.
D’autres modèles sont en volume et tout aussi intéressants.

En ce qui concerne les encastrements simples, il est préférable de commencer par une forme géométrique unique puis d’en placer deux ou plus en même temps, pouvant être différentes en termes de forme, de taille ou de diamètre.

Ensuite, des formes un peu plus spécifiques peuvent être proposées telles que des véhicules, des animaux, des éléments d’une scène (ex : la ferme, le cirque, etc.), des lettres, des nombres, etc.

Les puzzles

Les puzzles à 2 pièces mais sans bouton de préhension sont une étape non négligeable à laquelle il faut penser.

Il sera possible par la suite d’augmenter progressivement le nombre de pièces mais ce n’est pas la seule variable à prendre en compte pour définir le niveau d’un puzzle. Il faut évidemment partir de ce que l’enfant est déjà capable de réaliser seul sans étayage.

Je vous propose ici quelques variables pour augmenter ou réduire ce niveau de difficulté.

  • Dimensions des pièces : petites ou grandes ? minces ou épaisses ?
  • Format des pièces : bords lisses (plus difficiles car pas d’indices d’imbrication) ou courbés ? régulières ou pas ? contour particulier ou pas ?
  • Présence ou non du modèle : en fond ? en format réduit ? accessible seulement en cas de besoin ?
  • Présence ou non d’un cadre ?
  • Complexité de l’image : peu ou très détaillée ? image connue ou pas ? petit ou grand format ?

Les autres casse-tête

En fonction de l’âge, du niveau et de l’appétence de l’enfant pour ce genre de jeu, il est tout à fait possible de lui proposer d’autres casse-tête. En voici deux exemples ci-dessous :

Par exemple, en France, chez Cultura, vous pouvez trouver ceci :

Au Québec, chez Renaud-Bray,

Créer son propre puzzle

Celles et ceux qui sont à l’aise avec les outils numériques peuvent s’essayer sur les logiciels ci-dessous. J’explique rapidement la marche basique à suivre sans rentrer dans les détails, de très bons tutoriels étant déjà disponibles sur Internet. Il est également tout à fait possible de créer des calques pour obtenir un projet plus personnalisé.

  • Gimp : importez votre image et suivez ce chemin : filtre > rendu > motif > puzzle. À partir de là, vous aurez notamment le choix du nombre de pièces à la verticale et à l’horizontale.
  • PhotoFiltre Studio : importez votre image et suivez ce chemin : filtre > esthétique > puzzle. Le taille des pièces est défini par le nombre de pixel en déplaçant un curseur : plus vous baissez le nombre de pixels, plus il y aura de pièces.

Si vous utilisez word, publisher, etc., vous pouvez utilisez les calques de Librairie Intéractive ici.

Pour les enfants, il existe des puzzles vierges sur lesquels il est possible de dessiner et de colorier.

Quelques astuces !

Voici quelques astuces pour jouer en toute sérénité !

  • Pour identifier rapidement la boîte à laquelle appartient une pièce de puzzle, il est conseillé de trouver un code à inscrire au dos de chacune d’entre elles (numéro, forme géométrique, lettre, point de couleur, etc.).
  • Rien ne nous oblige à finir d’une traite un puzzle. Ainsi, pensez à récupérer un vieux calendrier (que vous arrangerez ou non à votre goût) ou à vous servir d’un plateau de manière à faciliter le déplacement de votre activité si nécessaire.

Et en ligne ?

Il peut être parfois intéressant (et indispensable dans certains cas) de passer à des versions numériques même si, pour moi, rien ne remplacera les pièces de puzzle que l’on manipule directement ; je n’ai pas du tout les mêmes sensations et le même plaisir.

Néanmoins, je vous propose deux liens pour jouer en ligne :

  • Puzzles gratuits en ligne (4 à 600 pièces) : vous avez la possibilité de jouer avec une base d’images mais aussi de créer un puzzle à partir de vos dossiers personnels ; attention celles-ci seront visibles sur Internet.
    Vous choisissez le nombre de pièces et, au cours du jeu, vous avez la possibilité d’obtenir de l’aide ou de demander la résolution complète. Un chronomètre se met en route dès le choix de l’image ou dès que vous cliquez sur « jouer ». La roulette de votre souris permet de faire tourner la pièce sélectionnée ni vous cochez la case « rotation ».
    J’ai surtout aimé la partie sur l’art ici.
  • jigsawplanet (6 à 300 pièces) : il y a aussi une base d’images et un espace de création personnelle.
    Le choix du nombre de pièces est moins important que le site précédent mais vous pouvez sélectionner la forme de vos pièces parmi 8 proposées. Vous avez également l’option de rotation si cela vous intéresse. Vous avez un modèle réduit et un fond à votre disposition qui peuvent être cachés ou visibles au cours du jeu.
    Un chronomètre est disponible seulement pour les pièces originales.

Créations pédagogiques

À partir d’une même image, j’ai décidé de créer différents puzzles dont les pièces ont été découpées de manières différentes (forme et nombre).

Cela peut permettre une progression sur une même image pour un élève ou de proposer une même image à un groupe d’enfants avec un niveau adapté pour chacun. Des rallyes de puzzles peuvent également être envisagés.

puzzle progressif « éléphant gourmand »

souris-et-chat-en-scene

puzzle progressif « souris et chat en scène »

cheval-carotte

puzzle progressif « cheval et carotte »

Ailleurs sur mon blog

Vous pouvez utiliser des matrices ou des calques de puzzle pour diverses créations pédagogiques, en voici une publiée sur mon blog il y a un peu plus de 2 ans :

2 réflexions sur “ Encastrements et puzzles ”

  • 20 mars 2020 à 20 h 06 min
    Permalink

    Article très intéressant et très complet !
    Merci pour ce remarquable partage 😉
    Mésange

    Réponse
    • 20 mars 2020 à 21 h 50 min
      Permalink

      Merci de me suivre et de me laisser à chaque fois un gentil commentaire ! Encore une fois, travailler à tes côtés est très inspirant et enrichissant 🙂
      Je suis ravie si cet article peut servir.

      Réponse

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